À L’AUBE D’UNE NOUVELLE COALITION ?
Catherine Mayer Thomas | Le Devoir | Le jeudi 4 février 2010
Catherine Mayer Thomas | Le Devoir | Le jeudi 4 février 2010
Québec, le 3 février 2010 − le
parlement de la vieille capitale a reçu les différents partis politiques
fédéraux, à l’exception du Parti conservateur du Canada (PCC), bien entendu, dans
le but d’aborder le prolongement de la prorogation, annoncé le 1er février.
Une première au pays qui, en l’espace de deux ans, connaît son plus haut taux
de revirements politiques depuis les cinquante dernières années. En effet, le scandale des commandites,
responsable de la chute drastique de popularité des libéraux, puis la portée au
pouvoir des conservateurs, majoritaires après deux élections, représentent des
événements pivots à partir desquels émerge la nouvelle, qui, à son tour, ne manque
pas d’alimenter les journaux et de cribler d’articles plus savoureux les uns
que les autres la une.
Le
Parlement du Québec, ville où se décuple d’ailleurs le nombre d’activités
qu’elle accueille à la suite du branle-bas qu’a suscité son 100e anniversaire,
a ouvert, ce mardi, tout grand ses portes au Parti libéral du Canada (PLC), au
Nouveau Parti démocratique (NPD), au Bloc Québécois ainsi qu’au Parti vert du
Canada. Les Ignatieff, Duceppe, Layton
et May de l’opposition élaborent actuellement un plan d’action qui permettrait
de court-circuiter les récentes politiques du premier ministre Harper, dont la
suspension de l’assemblée législative. Monsieur
Ignatieff souligne qu’il s’agit d’« une table ronde qui vise à assurer les
intérêts des Québécois et non un regroupement des partis dans l’intention de
renverser le gouvernement ».
La
réunion a été organisée en catimini après qu’une pétition dénonçant le
caractère antidémocratique de la mesure a fait le tour de la communauté
intellectuelle. Les professeurs de
philosophie, dont le cosignataire Monsieur Charles Taylor,
de l’Université McGill, et l’initiateur du soulèvement, Monsieur Daniel Weinstock,
de l’Université de Montréal, décrient la
prorogation dans les termes suivants : « [elle] mine notre système de
gouvernement démocratique […] [et, en outre, révèle que [le] premier ministre a
trahi la confiance du Parlement et des citoyens ». D’un point de vue structurel, on mentionne notamment
que « la violation de cette confiance frappe le cœur même de notre système
de gouvernement ».
Assisterons-nous
de nouveau à la création d’une coalition ? Fera-t-elle, cette fois, l’unanimité chez l’autre
majorité de l’appareil gouvernemental ? Si l’histoire nous apprend que le PLC et le
Bloc sont, ironiquement, enclins à allier leurs forces, il ne faut toutefois
pas oublier le sort réservé à l’accord de janvier 2009 … Né dans les coulisses parlementaires, l’expérience
de l’arène politique (et la conjoncture libérale) l’a cependant affaibli au
point de tomber. Qu’adviendra-t-il cette
fois des promesses, si promesses il y a ? Du côté du NPD, s’il se révèle habituellement
moins prompt à partir au combat, il semble néanmoins démontrer une défense plus
acharnée de ses convictions. Doit-on
donc croire que, si ses paires le convainquent, il soutiendra assidûment le
front commun ? Finalement, en ce
qui concerne le Parti vert, la question demeure toujours à élucider s’il saura
défendre ce dossier, s’il l’appuie, avec toute la ferveur réservée aux enjeux environnementaux.
Un
an à peine après la dissolution de l’Assemblée, durant l’hiver 2009, laquelle
a sans contredit su semer la controverse dans la population canadienne, Monsieur
le Ministre, Stephen Harper, récidive sur les deux mêmes aspects : la
suspension de l’activité parlementaire et sa prolongation. À nouveau, les opposants du PLC sont forcés d’unir
leurs forces pour contre-attaquer la résolution du premier ministre. Les circonstances actuelles offrent une
meilleure opportunité au PLC d’assumer une position bien campée et de faire
preuve de stratégies offensives pour contrer les décisions de son principal
adversaire. En outre, la baisse de
popularité de ce dernier les repositionne en position favorable pour
éventuellement prendre le relais de la gouvernance du pays.
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