13 août 2012

Rédaction | Exercice: article, politique 2010

À L’AUBE D’UNE NOUVELLE COALITION ?
Catherine Mayer Thomas | Le Devoir | Le jeudi 4 février 2010

Québec, le 3 février 2010 − le parlement de la vieille capitale a reçu les différents partis politiques fédéraux, à l’exception du Parti conservateur du Canada (PCC), bien entendu, dans le but d’aborder le prolongement de la prorogation, annoncé le 1er février. Une première au pays qui, en l’espace de deux ans, connaît son plus haut taux de revirements politiques depuis les cinquante dernières années.  En effet, le scandale des commandites, responsable de la chute drastique de popularité des libéraux, puis la portée au pouvoir des conservateurs, majoritaires après deux élections, représentent des événements pivots à partir desquels émerge la nouvelle, qui, à son tour, ne manque pas d’alimenter les journaux et de cribler d’articles plus savoureux les uns que les autres la une. 
Le Parlement du Québec, ville où se décuple d’ailleurs le nombre d’activités qu’elle accueille à la suite du branle-bas qu’a suscité son 100e anniversaire, a ouvert, ce mardi, tout grand ses portes au Parti libéral du Canada (PLC), au Nouveau Parti démocratique (NPD), au Bloc Québécois ainsi qu’au Parti vert du Canada.  Les Ignatieff, Duceppe, Layton et May de l’opposition élaborent actuellement un plan d’action qui permettrait de court-circuiter les récentes politiques du premier ministre Harper, dont la suspension de l’assemblée législative.  Monsieur Ignatieff souligne qu’il s’agit d’« une table ronde qui vise à assurer les intérêts des Québécois et non un regroupement des partis dans l’intention de renverser le gouvernement ».  
La réunion a été organisée en catimini après qu’une pétition dénonçant le caractère antidémocratique de la mesure a fait le tour de la communauté intellectuelle.  Les professeurs de philosophie, dont le cosignataire Monsieur Charles Taylor, de l’Université McGill, et l’initiateur du soulèvement, Monsieur Daniel Weinstock, de l’Université de Montréal, décrient la prorogation dans les termes suivants : « [elle] mine notre système de gouvernement démocratique […] [et, en outre, révèle que [le] premier ministre a trahi la confiance du Parlement et des citoyens ».  D’un point de vue structurel, on mentionne notamment que « la violation de cette confiance frappe le cœur même de notre système de gouvernement ». 
Assisterons-nous de nouveau à la création d’une coalition ?  Fera-t-elle, cette fois, l’unanimité chez l’autre majorité de l’appareil gouvernemental ?  Si l’histoire nous apprend que le PLC et le Bloc sont, ironiquement, enclins à allier leurs forces, il ne faut toutefois pas oublier le sort réservé à l’accord de janvier 2009 …  Né dans les coulisses parlementaires, l’expérience de l’arène politique (et la conjoncture libérale) l’a cependant affaibli au point de tomber.  Qu’adviendra-t-il cette fois des promesses, si promesses il y a ?  Du côté du NPD, s’il se révèle habituellement moins prompt à partir au combat, il semble néanmoins démontrer une défense plus acharnée de ses convictions.  Doit-on donc croire que, si ses paires le convainquent, il soutiendra assidûment le front commun ?  Finalement, en ce qui concerne le Parti vert, la question demeure toujours à élucider s’il saura défendre ce dossier, s’il l’appuie, avec toute la ferveur réservée aux enjeux environnementaux. 
Un an à peine après la dissolution de l’Assemblée, durant l’hiver 2009, laquelle a sans contredit su semer la controverse dans la population canadienne, Monsieur le Ministre, Stephen Harper, récidive sur les deux mêmes aspects : la suspension de l’activité parlementaire et sa prolongation.  À nouveau, les opposants du PLC sont forcés d’unir leurs forces pour contre-attaquer la résolution du premier ministre.  Les circonstances actuelles offrent une meilleure opportunité au PLC d’assumer une position bien campée et de faire preuve de stratégies offensives pour contrer les décisions de son principal adversaire.  En outre, la baisse de popularité de ce dernier les repositionne en position favorable pour éventuellement prendre le relais de la gouvernance du pays. 

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